Osservatorio delle libertà ed istituzioni religiose

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Osservatorio delle Libertà ed Istituzioni Religiose

Documenti • 6 Maggio 2008

Sentenza 05 dicembre 2007, n.295671

Conseil d’État (4ème et 5ème sous-sections réunies), décision 5 dicembre 2007 (requête N° 295671): “Port de signes ostentatoires religieux dans les établissements scolaires publics”.

(Publié au recueil Lebon)

Conseil d’État
4ème et 5ème sous-sections réunies

M. Stirn, président
M. Philippe Barbat, rapporteur
M. Keller, commissaire du gouvernement
BLANC, avocat(s)

lecture du mercredi 5 décembre 2007

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu la requête sommaire et les mémoires complémentaires, enregistrés les 20 juillet, 19 octobre et 9 novembre 2006 au secrétariat du contentieux du Conseil d’Etat, présentés pour M. et Mme Bessam A, agissant au nom de leur fille mineure Sara, demeurant … ; M. et Mme A demandent au Conseil d’Etat :

1°) d’annuler l’arrêt du 24 mai 2006 par lequel la cour administrative d’appel de Nancy a rejeté leur requête tendant à l’annulation du jugement du 30 août 2005 du tribunal administratif de Nancy rejetant leur demande tendant à l’annulation de la décision du 6 décembre 2004 par laquelle le recteur de l’académie de Nancy Metz a confirmé l’exclusion définitive de leur fille Sara du collège Guillaume Apollinaire au Tholy (Vosges) prononcée le 22 novembre 2004 par le conseil de discipline de l’établissement ;

2°) de mettre à la charge de l’Etat la somme de 3 000 euros au titre des dispositions de l’article L. 761 1 du code de justice administrative ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la Constitution ;

Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;

Vu le code de l’éducation, notamment son article L. 1415 1 issu de la loi n° 2004 228 du 15 mars 2004 ;

Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :

– le rapport de M. Philippe Barbat, Auditeur,

– les observations de Me Blanc, avocat de M. et Mme A,

– les conclusions de M. Rémi Keller, Commissaire du gouvernement ;

Considérant, en premier lieu, qu’aux termes de l’article L. 14 51 du code de l’éducation, issu de l’article 1er de la loi du 15 mars 2004 : Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. / Le règlement intérieur rappelle que la mise en oeuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. ;

Considérant qu’il résulte de ces dispositions que, si les élèves des écoles, collèges et lycées publics peuvent porter des signes religieux discrets, sont en revanche interdits, d’une part, les signes ou tenues, tels notamment un voile ou un foulard islamique, une kippa ou une grande croix, dont le port, par lui même, manifeste ostensiblement une appartenance religieuse, d’autre part, ceux dont le port ne manifeste ostensiblement une appartenance religieuse qu’en raison du comportement de l’élève ;

Considérant qu’après avoir relevé, par une appréciation souveraine des faits, que le carré de tissu de type bandana couvrant la chevelure de Mlle A était porté par celle ci en permanence et qu’elle même et sa famille avaient persisté avec intransigeance dans leur refus d’y renoncer, la cour administrative d’appel de Nancy a pu, sans faire une inexacte application des dispositions de l’article L. 14151 du code de l’éducation, déduire de ces constatations que Mlle A avait manifesté ostensiblement son appartenance religieuse par le port de ce couvre chef, qui ne saurait être qualifié de discret, et, dès lors, avait méconnu l’interdiction posée par la loi ;

Considérant, en deuxième lieu, que la sanction de l’exclusion définitive de l’établissement scolaire prononcée à l’encontre de Mlle A résulte de son refus de respecter l’interdiction édictée à l’article L. 14151 du code de l’éducation ; que cette interdiction ne méconnaît pas les stipulations de l’article 9 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales relatives à la liberté de pensée, de conscience et de religion, dès lors qu’elle ne porte pas à cette liberté une atteinte excessive au regard de l’objectif d’intérêt général poursuivi visant à assurer le respect du principe de laïcité dans les établissements scolaires publics ; qu’ainsi, cette sanction ne saurait par elle-même méconnaître ces stipulations ; qu’il s’ensuit que la cour administrative d’appel de Nancy n’a pas commis d’erreur de droit en jugeant que la sanction attaquée ne méconnaissait pas les dispositions de l’article 9 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;

Considérant, en troisième lieu, qu’à la suite de son exclusion définitive du collège, Mlle A pouvait, pour bénéficier du droit à l’instruction, soit être inscrite dans un établissement public en se conformant aux dispositions de l’article L. 14151 du code de l’éducation, soit être inscrite au centre national de l’enseignement à distance (CNED), soit encore être inscrite dans un établissement privé, soit enfin être instruite dans sa famille dans les conditions prévues par l’article L. 1312 du code de l’éducation, ainsi, d’ailleurs, que le recteur l’a indiqué à ses parents en leur notifiant la sanction prise à son encontre ; qu’ainsi, la cour administrative d’appel de Nancy n’a pas commis d’erreur de droit en jugeant que cette sanction ne méconnaissait pas les stipulations de l’article 2 du premier protocole additionnel de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales selon lesquelles nul ne peut être privé du droit à l’instruction ;

Considérant, en quatrième lieu, que la sanction prise à l’encontre de Mlle A, qui vise à assurer le respect du principe de laïcité dans les établissements scolaires publics sans discrimination entre les confessions des élèves, ne méconnaît pas le principe général de non discrimination édicté par les stipulations de l’article 14 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ; qu’ainsi, la cour administrative d’appel de Nancy n’a pas commis d’erreur de droit en jugeant que cette sanction ne méconnaissait pas ces stipulations ;

Considérant qu’il résulte de ce qui précède que les requérants ne sont pas fondés à demander l’annulation de l’arrêt attaqué ; que doivent être rejetées, par voie de conséquence, leurs conclusions tendant à l’application des dispositions de l’article L. 7611 du code de justice administrative ;

D E C I D E :

Article 1er : La requête de M. et Mme A est rejetée.

Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. et Mme Bessam A et au ministre de l’éducation nationale.

Copie en sera adressée pour information au recteur de l’académie de Nancy-Metz.